bébé

Le projet de loi relatif à la bioéthique (prévoyant notamment l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires), présenté au Conseil des ministres le 24 juillet 2019 a été soumis au Parlement en octobre 2019.

Les évêques de France sont fortement mobilisés pour exprimer une parole très claire sur le fond du projet.

 

 

Il est source de questionnements et d’inquiétudes : « Nous sommes inquiets, c’est pourquoi nous parlons ce soir. (…) Nous sommes inquiets pour notre société française et, plus globalement, pour les sociétés occidentales » a déclaré Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, le lundi 16 septembre au Collège des Bernardins à Paris.

Tout d’abord, il est bien clair que le Président de la Conférence des évêques de France n’invite pas l’Eglise à dire « non », dans un réflexe systématique de fermeture : « La parole de l’Église est avant tout un oui : un oui à la bonté et à la beauté de l’union conjugale des époux, (…) un oui aux enfants qui viennent en ce monde parce qu’ils sont un don, (…) un oui à la science qui découvre les incroyables potentialités de notre cosmos, de notre corps, de l’extraordinaire variété des éléments (…) et un oui à la technique par laquelle les êtres humains usent de (…) ces éléments pour bâtir un monde qui soit toujours plus (…) hospitalier (…) C’est ce oui résolu qui nous oblige à avertir l’humanité des pistes dangereuses, dépourvues de sens, où elle s’engage. » (1)

Les motifs d’inquiétude, devant ce qu’on peut appeler la  « production d’enfants, » (1) face à ce que « certains promeuvent [comme] ‘ l’immense révolution humaine’ du droit de filiation détaché de tout ancrage charnel et fondé sur l’intention et le consentement » (2) sont les suivants :

« Nous nous inquiétons lorsque nous constatons que nous ne savons plus faire face aux limites et aux douleurs de la condition humaine qu’en constituant sans cesse des droits nouveaux à exiger. (…) Sans doute notre puissance politique collective n’envisage-t-elle pas un eugénisme d’État mais elle prépare la voie à un eugénisme libéral, celui des citoyens, (…) de quelques-uns qui choisiront les gamètes à partir desquels sera conçu l’enfant pour lequel ils ou elles auront pris un contrat et émis une déclaration préalable. » (1)

Il s’agit pour les parents de voir les enfants « non comme un besoin à combler mais comme un don fait à leur amour.» (1)

« L’ouverture qui se dessine d’un marché des ovocytes prépare l’existence de géniteurs aux descendants innombrables. Les spécialistes du droit de la filiation peuvent se faire des cheveux blancs et certains avocats ne manquent pas de se préparer à des profits intéressants.

On fait porter tout le poids du fait d’être parent à la volonté claire et distincte, exprimée dans des documents, et on se rend incapables de se réjouir du corps, de ses dynamismes, de ses opacités, de son mystère, à travers lesquels s’exprime en nous l’esprit.

Nous appartenons à des pays très riches, nous nous préparons à mobiliser des moyens considérables, alors qu’il y a des pauvres dans notre pays et qu’il y a dans le monde des pays pauvres qui auraient besoin de notre part d’une politique de coopération plus déterminée.» (1)

Cela ne va pas sans un questionnement écologique au sens large : « Les techniques distillent un sentiment de puissance orgueilleuse, estimé comme un juste positionnement de l’être humain face à ses limites ou à ses vulnérabilités. Alors que son rapport à la création est de plus en plus questionné afin qu’il passe d’une attitude de domination à son égard à une attitude de respect, le questionnement biblique de saint Paul résonne avec acuité au sujet de l’être humain : ‘Qu’as-tu que tu n’aies reçu, et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu ?’» (2)

A l’avenir  aussi, s’inquiète le Président de la conférence des évêques de France, « je doute de la capacité du système politique, social, économique et culturel dans lequel nous vivons de résister à l’attraction [de la gestation pour autrui]. Les raisons mêmes qui conduisent beaucoup à accepter aujourd’hui la PMA pour toutes les femmes serviront inéluctablement bientôt pour la GPA. Et comment notre collectivité y résistera-t-elle puisqu’elle s’est mise dans le piège qui consiste à répondre aux souffrances et aux frustrations par des techniques médicales et juridiques ? » (1)

« Eclairés par leur foi », les catholiques sont invités à prendre ces questions au sérieux et à se positionner en conscience face à l’enjeu considérable qui impacte l’avenir de notre société.

___________________

(1) Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF, conférence au Collège des Bernardins à Paris, le lundi 16 septembre.

(2) Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, responsable du groupe de travail sur la bioéthique, note rédigée le 18 juillet 2019.