autelLa vie liturgique de la paroisse continue jour après jour : la messe est célébrée, chaque jour le Saint-Sacrement est exposé, de 15h à 17h et la bénédiction eucharistique donnée à toute la paroisse (de Lorgues, Le Thoronet et  Saint-Antonin). Quel sens cela peut-il avoir de dire la messe tout seul, de bénir une église vide ? La question peut raisonnablement se poser.

Deux réponses :

- à accentuer la participation active des fidèles à la messe – ce qui a été une légitime et fructueuse initiative du siècle dernier – on en a perdu l’idée que la messe porte des fruits en elle-même : même si je ne peux pas communier, même si je suis dans un pays dont je ne comprends pas la langue, l’assistance à la messe me transforme, et même si j’en suis empêché elle peut m’être salutaire. C’est ainsi qu’il est recommandé à tout prêtre de la dire chaque jour avec ou sans fidèle. Il ne la dit pas simplement pour lui-même mais, dans une dimension temporelle et spatiale plus large, pour le présent du monde qu’il sanctifie en réactualisant le sacrifice unique du Christ, et pour l’espace plus ou moins proche qu’il imprègne pour ainsi dire de la grâce venant de la Croix. L’histoire héroïque des missionnaires du XIXème siècle allant évangéliser l’Océanie par exemple, relate comment, avant de pouvoir aborder toute population, le prêtre allait nuitamment célébrer la messe en cachette sur l’île à laquelle un jour il tenterait d’annoncer la parole de Dieu, comme pour en préparer le terrain.

- la deuxième raison qui nous fait maintenir la vie liturgique est que, par le mystère de la communion des saints, nous pouvons porter la supplication les uns des autres, nous pouvons mériter les uns pour les autres. Dans le prolongement de ce que la théologie appelle la « satisfaction vicaire » qui veut que le Christ a mérité le salut de tous les hommes en les représentant tous devant son Père, chacun peut compter sur l’intercession des saints mais aussi des simples frères. On raconte comment, au Moyen-âge un navire en perdition sur la mer voyait ses marins mourir de peur quand le capitaine les rassura en pleine nuit : « N’ayons plus peur : à cette heure précise nos frères les moines de Cîteaux se lèvent pour chanter Matines, leur prière va s’élever vers le Ciel pour notre salut. »

La foi ne nous conduit pas à une vision magique des choses car elle sollicite toujours l’adhésion personnelle de chacun, mais elle nous apporte la douce consolation qui vient de la communion rétablie dans le Christ avec son Père et entre nous, par le mystère de sa passion, de sa croix et de sa résurrection que le carême nous invite à approfondir et à vivre réellement.