La pandémie en cours pourrait avoir l’avantage de nous ramener à la réalité. Encore une fois, sa première leçon est de nous rappeler notre juste et très humblequête mesure. Elle nous invite à quitter ce monde artificiel que nous avons bâti, dans lequel nous vivions comme dans une bulle et qui ne nous offrait en fait que de fausses sécurités. Le ralentissement de notre rythme de vie et son rétrécissement géographique  nous conduisent à nous recentrer sur l’essentiel : à redécouvrir la vie de famille, à nous interroger sur ce qui donne sens à notre propre existence, le tout dans un silence à nouveau habité par le chant des oiseaux qu’on avait fini par oublier. C’est agités par quel démon que les hommes d’Eglise s’emploient, à grand renfort de technologie, à nous en détourner ?

Alors que les clercs n'ont pas pour mission de se donner en spectacle ni d'entretenir un public, les fidèles doivent exercer leur sacerdoce baptismal de manière adulte et autonome. Notre diocèse n’est pas en reste pour proposer des liturgies vidéo diffusées, le plus insolite étant peut-être encore l’adoration en ligne : voilà que nous sommes invités à nous poster devant notre écran en position d’adorateurs ! Au temps où l’on avait encore du bon sens, sainte Marguerite-Marie, gardant son troupeau, se tournait vers la flèche de l’église paroissiale qui pointait à quelques kilomètres, dans la vallée, pour adorer son Créateur qu’elle y savait présent. Aujourd’hui, ce qui est vrai ne peut que passer par les écrans… A côté de cela on nous propose encore un « parcours digital pour traverser l’épidémie de Coronavirus dans la paix de Jésus », et combien d’autres « offres » dérisoires. En effet, il n’est pas déplacé d’employer ici le vocabulaire commercial pour désigner quelque chose qui s’apparente à un business, même totalement désintéressé. Totalement ? Pas tout à fait, car le virtuel a ses limites et on ne peut pas faire l’économie d’un peu de sens des réalités. Si vous ne connaissez pas la quête en ligne, vous êtes un mauvais paroissien, délaissez vite votre chapelet, posez votre bible, arrêtez de méditer dans le silence et allumez promptement votre ordinateur, vous alliez manquer quelque chose… Faudra-t-il aussi un virus informatique pour que nous comprenions ?