Le carême, une ouverture

 

Spontanément, le carême n’engendre pas l’enthousiasme, avec son cortège oiseaud’interdits et de contraintes qui n’appartiennent plus – il faut l’avouer – qu’à l’imaginaire car l’abstinence de viande le vendredi rejoint les prescriptions diététiques à la mode au même titre que le jeûne, réduit au mercredi des Cendres et au Vendredi Saint. Que reste-t-il alors ? Le souvenir de résolutions jamais atteintes, d’efforts désespérés pour devenir meilleurs en fonction de critères que nous aurions courageusement mis en place au début de cette sainte quarantaine. Vu comme cela, le carême nous ramène à nous-mêmes, nous conduisant à une introspection et un régulier examen de conscience : à quel niveau suis-je arrivé de mes performances ? Dans le pire des cas, c’est le découragement, dans le « meilleur », l’orgueil d’y être arrivé… Dans les deux cas, on aura loupé la cible en nous plaçant au centre du jeu ! Cette vision du carême oublie sa perspective fondamentale : le jeûne est un appel à dépasser les exigences spontanées du corps pour creuser une faim spirituelle, le partage, un moyen de retrouver la source de toute vraie richesse, la prière, l’ouverture à Dieu. C’est bien le regard résolument tourné vers le Christ qui, des Tentations jusqu’au Gologotha, poursuit sa marche douloureuse vers la Croix pour le Salut du monde, que nous pourrons avancer vraiment. Non pas, au rythme de nos petites victoires ou de lamentables échecs, mais aux côtés du Seigneur Jésus, puisant dans son infinie patience, son inépuisable charité, la force de vivre selon sa volonté au contact de nos frères, dans l’espérance de la victoire finale qui sera donnée et célébrée au jour de Pâques. Bon carême à tous !