Saint Hugues de Cluny, abbé
Hugues naît le 13 mai 1024 à Semur (aujourd’hui Semur-en-Brionnais, près de Paray-le-Monial), fils du comte de Semur, lié aux plus grandes familles. Il n’a que dix ans lorsque son père tient à lui donner une éducation militaire, mais le jeune garçon n’a aucun goût pour le métier des armes : il préfère lire et étudier. Il se rend donc chez son grand-oncle, l’évêque d’Auxerre. Il s’émerveille aussitôt en scrutant la bibliothèque et surtout les évangiles. À 14 ans, Hugues se rend sans l’autorisation de son père à l’abbaye de Cluny, non loin de là, où l’abbé saint Odilon, un parent, l’admet au noviciat malgré son jeune âge. Brillant et sérieux, il fait profession à 15 ans et promet d’être moine toute sa vie. On l’ordonne prêtre à 20 ans selon les privilèges accordés à l’abbaye de Cluny, la plus importante au monde.
A la mort de saint Odilon en 1049 il sera élu à l’unanimité abbé de Cluny, alors même qu’il n’a que 25 ans. Il occupera cette charge pendant soixante ans, au cours desquels il contribuera de façon exceptionnelle au rayonnement de Cluny.
Il participa au Concile de Reims, présidé par Léon IX, et suivit ce dernier à Rome pour le Concile de Pâques 1050. Il fut à plusieurs reprises nommé légat du pape, envoyé en missions difficiles dans toute l’Europe de l’époque. Son abbatiat correspond à l’extension maximale du prestige de Cluny (qui règne sur plus de 1450 maisons et plus de 10 000 moines). Il fait reconstruire l’église abbatiale : elle est le modèle achevé de l’art roman, dans la qualité de son architecture et de son ornementation, dans la démesure de son étendue : avec ses presque 190 mètres de long, elle est la plus grande église du monde, un narthex de cinq travées, une quintuple nef de onze travées, deux transepts, sept clochers, une hauteur sous voûte d’une trentaine de mètres, pour une liturgie perpétuelle où le psautier est chanté chaque jour en son entier par des moines qui se relaient nuit et jour : plus de 700 (400 pour d’autres, voire mille...) moines résident à Cluny. Parrain de l’empereur Henri IV, saint Hugues jouit d’une autorité indiscutée au sein de l’empire (il interviendra comme arbitre au cours de la fameuse entrevue de Canossa entre le pape Grégoire VII et l’empereur), ses relations avec les dynasties de la péninsule ibérique lui permettent aussi d’y développer son influence et de faire rayonner sur le chemin de Saint-Jacques la maîtrise des artistes romans bourguignons. Il est le confident des papes et le conseiller le plus écouté de saint Grégoire VII. Sous son abbatiat, sont élus Léon IX (1049-1054), Etienne IX (1057-1058), Grégoire VII (1073-1085), Victor III (1086-1087), Urbain II (1088-1099) et Pascal II (1099-1118), tous bénédictins...
Il meurt le 28 avril 1109. L’ordre comptait alors plus de trente mille moines. Ses restes furent brûlés par les Huguenots en 1562.