Saints Jean Houghton et ses compagnons, prêtres et martyrs
Jean Houghton composa avec ses compagnons le premier groupe des martyrs de l’anglicanisme. Lorsque fut promulgué en novembre 1534 l’ « Acte de Suprématie » qui donnait au roi d’Angleterre Henri VIII le titre de chef unique et suprême de l’Eglise d’Angleterre, suivi de l’obligation d’un serment d’allégeance sous peine de mort, les trois chartreux Jean Houghton, Robert Lawrence et Augustin Webster, respectivement prieurs de Londres, de Beauvale et d’Axohlme vinrent trouver le ministre Thomas Cromwell, principal artisan de cette révolution pour demander une exemption pour leurs communautés. Ils étaient néanmoins résolus à mourir plutôt que de trahir leur fidélité au Saint-Siège. Cromwell répondit en les jetant tous trois en prison où ils furent « jugés » et condamnés à mort. Le 4 mai 1535, vêtus de l’habit blanc des chartreux, ils marchèrent au supplice comme avec plaisir et comme pour célébrer un mariage, selon les mots de Thomas More qui fut témoin de leur départ de la Tour de Londres. Saint Jean Houghton, natif de l’Essex et ancien étudiant de Cambridge, fut le premier à remporter la palme du martyre, à Tyburn, suivi de ses deux confrères. Très maître de lui-même et plein de douceur, il put encore, alors qu’on lui arrachait le cœur de la poitrine, exprimer ce dernier cri vers son Divin Maître : « Ô Bon Jésus, que ferez-vous de mon cœur ? »
Saint Richard Reynolds était originaire du Devon et avait étudié au Collège du Corpus Christi de Cambridge. Il devint moine au monastère des Brigittins d’Isleworth. Comme il était considéré comme le religieux le plus savant de son époque, on misa beaucoup sur son adhésion à la nouvelle religion pour entraîner l’ensemble du pays. Or il n’en fut rien car sa fidélité au Saint-Siège demeura inébranlable et les terribles souffrances qu’il eut à subir dans son cachot et au gibet de Tyburn ne firent qu’accroître son prestige. Il fut le dernier du groupe à mourir à Tyburn ce jour-là.
Le même jour et au même lieu, rendit le témoignage du martyre le bienheureux John Haile, curé d’Isleworth. Il était déjà avancé en âge quand il fut jugé pour calomnie à l’égard du roi. A la différence de beaucoup de martyrs, Dieu permit qu’il vive pleinement la crainte de la mort et l’effroi devant l’horreur. Cette épreuve accrue encore par l’âge et la maladie rendit l’offrande qu’il fit de sa vie encore plus admirable, mettant en lumière l’amour et la fidélité qui l’animèrent jusqu’au bout.