Saint Jacques Berthieu, martyr
Jacques Berthieu est né le 27 novembre 1838 à Polminhac (Cantal) dans une famille d’agriculteurs. Il est l’aîné d’une fratrie de sept. Il fait ses études au séminaire de Saint-Flour. Il y est ordonné prêtre diocésain le 21 mai 1864 puis nommé vicaire de Roannes-Saint-Mary. Il reste au service de ce diocèse de 1864 à 1873.
Il entre alors au noviciat de la Compagnie de Jésus, où il sera marqué par le Père Ramière et la dévotion au Sacré Cœur de Jésus. Très vite, le père Berthieu manifestant une vocation de missionnaire, ses supérieurs l’envoient à Madagascar. Il s’arrête d’abord à Sainte-Marie une île française au large de Madagascar pour y étudier la langue malgache. Mais le 29 mars 1880 les jésuites sont expulsés de tous les territoires français. Les lois républicaines de Jules Ferry contre les Congrégations religieuses le contraignent à quitter sa mission et à rejoindre la grande île de Madagascar, alors royaume indépendant. Il se rend à Tananarive et Tamatave et dans la lointaine mission d’Ambohimandroso au sud d’Antanarivo (Tananarive), de 1881 à 1883 puis à nouveau à Tamatave comme aumônier militaire. De 1886 à 1891 il dirige la mission d’Ambositra où il ouvre nombre de postes missionnaires et développe l’éducation scolaire. Il consacre beaucoup de temps à la formation des catéchistes, lutte contre les foyers irréguliers, insistant sur l’unité et l’indissolubilité du mariage. Il développe aussi l’agriculture et soigne les lépreux.
En 1896 il est confronté à une insurrection politico-religieuse du mouvement Menalamba, opposants au christianisme et au pouvoir français. Partie de l’ouest de l’Imerina, elle gagne le nord. Les chrétiens sont souvent menacés car pendant cette rébellion, la tribu des Menalamba veut rétablir le culte des idoles.
Le Père Berthieu dirige alors un convoi de chrétiens vers Antananarivo. Il a un cheval, il pourrait prendre les devants ; il lie son sort à celui des habitants, prête sa monture à un employé de la mission qu’une plaie au pied empêche de marcher. C’est ainsi qu’il tombe entre les mains des Menalamba dans l’après-midi du 8 juin 1896. Il reçoit un coup de hache sur le front et des chrétiens divorcés se vengent des reproches du Père Berthieu en l’insultant et en le frappant. Sur le chemin qui le conduit au chef de l’insurrection, il tombe épuisé, ne cessant de prier pour ses bourreaux qu’il appelle « mes enfants ».
Il lui est cependant proposé la vie sauve s’il renonce à sa foi chrétienne : « Renonce à ta vilaine religion, n’égare plus le peuple », lui avait lancé le chef des Menalamba, avant de poursuivre : « nous te prendrons pour faire de toi notre chef et notre conseiller, nous ne te tuerons pas ». Jacques Berthieu ayant refusé d’apostasier, est immédiatement fusillé.