Clément Ignace Delgado Cebrián est né le 23 novembre 1761 à Villa Felice dans le diocèse de Saragosse en Espagne. Entré très jeune au couvent dominicain de Catalayud il y fit sa profession religieuse en 1781. Après des études à l’université d’Orihuela il sera ordonné prêtre, avant de partir missionnaire aux Iles Philippines.
En 1790 il est envoyé avec d’autres frères dans le vicariat du Tonkin Est (actuel Vietnam). Il y passera près de cinquante ans, se consacrant sans relâche à l’évangélisation de la région. Il construira églises et monastères, amènera au sacerdoce de nombreux autochtones, développera de très nombreuses œuvres caritatives. Nommé vicaire provincial en 1794, puis évêque coadjuteur par Pie VI, il sera sacré évêque en 1799.
Lorsqu’à partir de 1820 le roi Minh-Manh entama la persécution des chrétiens par de nombreux édits, Monseigneur Delgado poursuivit son œuvre tout en prenant les précautions nécessaires. C’est ainsi que pendant près de vingt ans il réussit à échapper à toutes les poursuites. Mais le 27 mai 1838, alors qu’il pouvait à peine marcher, des soldats investirent le village où il se trouvait. Deux catéchistes le dissimulèrent sous des couvertures mais il fut découvert et arrêté. Voyant son grand âge et ses cheveux gris le responsable de la troupe lui offrit un couteau et lui proposa de se tuer pour éviter une condamnation honteuse. Monseigneur Delgado ayant refusé, fut aussitôt enfermé dans une cage et contraint d’y rester sans pouvoir se lever ou s’allonger jusqu’à ce qu’il ait livré les noms et lieux des prêtres œuvrant au Tonkin. N’ayant rien cédé il fut condamné à la décapitation. Mais avant même que le bourreau ait pu le mettre à mort il rendit son âme à Dieu le 21 juillet 1838 après 43 jours de cage. Son cadavre fut néanmoins décapité et sa tête jetée dans la rivière Vo-Hoàng où des chrétiens la ramassèrent plus tard, pour lui donner une sépulture décente.