Stat Crux dum volvitur orbis

Stat CruxQui n’a pas déjà vu ce symbole, au moins sur une bonne bouteille de chartreuse ? Il accompagne en effet la devise des Pères chartreux : « Stat crux dum volvitur orbis », autrement dit « la Croix se dresse, ferme, alors que le monde tourne ». Une autre illustration de cette réalité nous a été offerte par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’intérieur de laquelle continue de briller l’immense croix du chœur sur un amas de décombres. Jamais peut-être le monde n’a autant donné le vertige : les mutations se multiplient dans tous les domaines de la connaissance, de l’activité et de la vie des hommes. Une chose ne change pas : nous avons besoin de repères pour rester debout. Désertant les références de leurs pères, nos contemporains s’ingénient à en inventer d’autres, qui n’offrent malheureusement pas le même caractère de permanence et sont elles-mêmes sujettes à fluctuation… Au début de ce Temps ordinaire, la liturgie fait méditer le Livre biblique du Siracide, replaçant l’être humain devant la finitude de sa qualité de créature, mais lui ouvrant aussi la voie de la sagesse en fixant son regard sur « Celui qui siège sur son trône » et qui a fait toutes choses : « plaisir », « joie », « amour » sont alors au rendez-vous.

 

«  Toute sagesse vient du Seigneur, et demeure auprès de lui pour toujours. Le sable des mers, les gouttes de la pluie, et les jours de l’éternité, qui pourra en faire le compte ? La hauteur du ciel, l’étendue de la terre, la profondeur de l’abîme, qui pourra les évaluer ? Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours, la profondeur de l’intelligence. La source de la sagesse, c’est la parole de Dieu au plus haut des cieux. Ses chemins sont les commandements éternels. La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation, et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ? La science de la sagesse, à qui fut-elle manifestée, et qui a profité de sa grande expérience ? Il n’y a qu’un seul être sage et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur, lui qui a créé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, il l’a répandue sur toutes ses œuvres, parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons, et ceux qui aiment Dieu en ont été comblés. L’amour du Seigneur est une éminente sagesse ; Dieu en accorde une part à ceux dont il veut se laisser voir. La crainte du Seigneur est gloire et fierté, joie et couronne d’allégresse. La crainte du Seigneur réjouira le cœur ; elle procure plaisir, joie et longue vie. La crainte du Seigneur est un don du Seigneur ; car elle fait persévérer sur les voies de l’amour. Celui qui craint le Seigneur connaîtra une fin heureuse ; au jour de sa mort, il sera béni. La sagesse commence avec la crainte du Seigneur : elle est formée en chaque fidèle dès le sein maternel. Elle a bâti son nid chez les humains, fondation d’éternité : elle sera fidèle envers leurs descendants. »

Que souhaiter à ceux qu’on aime, sinon cette paix qui nait d’un cœur bien lesté par la « crainte du Seigneur », et que le mouvement et les inquiétudes du monde ne peuvent déstabiliser ?