« Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. »

 

Après « Dieu le Père, son Fils et l'Esprit Saint », il ne s'agit pas là de la quatrième personne de la Trinité ! Nous sommes toujours dans la contemplation de l'œuvre de cet Esprit qui est comme le ciment de l'Eglise, sans lequel elle ne serait qu'une organisation parmi d'autres : comme il est à l'œuvre en Marie au jour de l'Incarnation, l'Esprit Saint opère en chacune des pierres vivantes que nous sommes l'édification du « Corps mystique du Christ ».
Le mot grec « Ekklesia » désigne une assemblée, il donnera ensuite son nom au bâtiment où se réunit la communauté chrétienne (ce qui en dit long sur la différence entre le culte païen dont l'édifice sacré est le temple et la foi chrétienne qui, par le baptême, fait du fidèle un temple de l'Esprit Saint).
« Une, sainte, catholique et apostolique » sont les quatre « notes » qui caractérisent l'Eglise, peuple de Dieu.
« Une » : la prière du Christ pour l'unité de son Eglise est connue. L'Eglise se constitue autour de la personne du Christ qui en fait l'unité : elle n'a rien d'une unité consensuelle qui établirait un lien extérieur entre personnes partageant les mêmes convictions ou les mêmes valeurs. Le retour au Christ et à son message a toujours été la réponse la plus adaptée aux forces de divisions que ne cesse de susciter le « Diviseur » (Diabolos). Que l'Eglise ait succombé parfois à ces forces et que ceux qui se réclament du Christ soient aujourd'hui séparés n'empêche pas que l'Eglise est une en son essence. Notre communion dans la foi n'est possible qu'en fonction de la réalité unique qui en est le cœur, et de notre proximité avec elle.
« Sainte » : voilà qui fait toujours réagir quand on considère les péchés des clercs (sans parler des fidèles...) ! Là encore, ce qui la défigure n'empêche pas celle que le Christ a enfanté d'être belle et d'avoir vocation à le rester ou à le redevenir. Nous qui sommes pécheurs, n'avons-nous pas gardé, comme un appel intérieur, la sainteté de notre baptême qui ne demande qu'à être revivifiée par les sacrements ? Les membres de l'Eglise primitive s'appelaient « les saints » comme en témoignent les lettres de saint Paul, avons-nous perdu de vue notre vocation à la sainteté ? Ceux que l'Eglise a reconnus officiellement comme tels sont là pour nous la rappeler et pour nous dire que c'est possible !

 

« Catholique » : le mot n'a pas ici le sens restrictif de chrétien non-orthodoxe ou non-protestant, mais le sens étymologique d'« universel » ; plusieurs fois je l'ai ainsi entendu proclamer par des pasteurs protestants sans aucune réserve. L'Eglise doit être « orthodoxe » c'est-à-dire professant une juste doctrine, elle doit être aussi « catholique » en ce sens que la foi qu'elle propose doit être universelle. L'honneur revient à un moine de Lérins d'avoir formulé cela en des termes demeurés célèbres : en 434 saint Vincent de Lérins rappelle la règle d'or de la catholicité orthodoxe : ne croire et n'enseigner que « ce qui a été cru partout, toujours et par tous. » En effet, la Vérité est le Christ qui est « le même hier, aujourd'hui et éternellement » (Heb XIII 8). Cela n'exclut pas que la foi puisse se développer et se dire avec des mots nouveaux ni que des opinions divergentes puissent se faire entendre parfois, mais le contenu de la foi, s'il se veut authentique, ne peut qu'être en consonance avec l'évangile, avec les Pères de l'Eglise, avec le sentiment chrétien tel qu'il s'est toujours exprimé et qu'il s'exprime aujourd'hui dans un large consensus, qui dépasse donc les frontières du temps et de l'espace.
Eglise catholique et Eglise universelle...
Peut-on croire que cette Eglise universelle et unanime n'existe pas ici-bas (voire ne puisse jamais exister), et qu'elle ne serait qu'une réalité virtuelle ou qu'elle consisterait dans la somme de tous ceux qui se disent chrétiens et qui formeraient ainsi l'unique et véritable « Eglise catholique » sans véritables contours ni définition précise ? Certainement pas !
Notre appellation de « catholiques » est-elle usurpée ? Pas d'avantage, répond le concile Vatican II avec cette précision d'importance : « C'est là l'unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole l'unité, la sainteté, la catholicité et l'apostolicité, cette Église que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (Jn 21, 17), qu'il lui confia, à lui et aux autres Apôtres, pour la répandre et la diriger (cf. Mt 28, 18, etc.) et dont il a fait pour toujours la « colonne et le fondement de la vérité » (1 Tm 3, 15). Cette Église comme société constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement par le don de Dieu à l'Église du Christ, portent par eux-mêmes à l'unité catholique. » (const. Lumen Gentium)

 

« Apostolique » : l'Eglise est fondée sur le témoignage exclusif des apôtres : ce que nous savons de Jésus, nous le savons par leur enseignement dont les évangélistes sont les porte-parole, ainsi la Révélation que Dieu nous a donnée de lui en Jésus-Christ est close à la mort du dernier apôtre.
Cependant ce message reste vivant et s'incarne en s'actualisant dans une communauté dont les successeurs des apôtres que sont les évêques sont les chevilles ouvrières.
D'ailleurs la « succession apostolique » est un des éléments qui conditionnent la validité de leur ministère : pour qu'un évêque puisse guider de manière autorisée le peuple de Dieu il faut déjà qu'il ait été ordonné évêque par un évêque qui l'a été par un précédent qui l'a été lui-même, etc. : et à l'origine de cette généalogie épiscopale, on doit retrouver un évêque ordonné par un apôtre même. C'est ainsi qu'un fameux site américain « catholic-hierarchy.org » reconstitue depuis des années les « ascendants » des quelques 5233 évêques vivant aujourd'hui.

L'Esprit-Saint est bien à l'œuvre dans la cohésion de cette immense famille qu'est l'Eglise ; il l'est encore dans la juste façon de l' « habiter » qui doit être la nôtre. L'adage de saint Cyprien de Carthage (200-258) : « Hors de l'Eglise pas de salut » demeure valide, qui dit que le Christ est l'unique Sauveur des hommes, qu'il s'est uni de manière irréversible à son Eglise et que c'est à travers elle, son témoignage et son action que le Seigneur continue de se donner, cependant, comme le rappelait le pape Benoît XVI le 1er octobre 2000, « Notre confession du Christ comme Fils unique, en qui nous voyons le visage du Père (cf. Jn XIV, 8), n'est pas arrogance qui méprise les autres religions, mais joyeuse reconnaissance parce que le Christ s'est montré à nous sans aucun mérite de notre part. Et, dans le même temps, il nous a demandé de continuer à donner ce que nous avons reçu et aussi à communiquer aux autres ce qui nous a été donné, parce que la Vérité donnée et l'Amour qui est Dieu appartiennent à tous les hommes. Avec l'apôtre Pierre, nous confessons que « son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver » (Ac IV, 12). » Ainsi que l'Esprit-Saint a chargé de fruits innombrables le labeur des apôtres, nous pouvons croire que l'œuvre de l'Eglise dépasse mystérieusement ce que nous percevons aujourd'hui de sa fécondité, par la puissance de ce même Esprit.