« Je crois en Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu »
Dire de Jésus qu'il est « fils de Dieu » ne suffit pas. En effet, l'expression n'est pas rare dans l'Ancien Testament où déjà la paternité de Dieu est affirmée à l'égard des anges, à l'égard du peuple d'Israël (« mon fils premier-né, c'est Israël », Ex IV 22), à l'égard de ses rois . Et le Messie promis peut être annoncé aussi « fils de Dieu », sans que cela entraîne qu'il partage la nature divine.
Or au baptême donné par Jean, nous avons vu comment la voix du Père le désigne : « Tu es mon Fils bien-aimé », et le Messie que saint Pierre confesse est beaucoup plus qu'un des fils de Dieu : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. », et Jésus lui répond : « cette révélation t'est venue de mon Père ». Ses adversaires ont bien compris aussi la nature de la filiation revendiquée par son enseignement : « Tu es donc le Fils de Dieu ? », à quoi le Seigneur rétorque : « Vous le dites bien, je le suis. ». Au pied de la croix, le centurion s'exclame : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu », en voyant mourir celui qui s'était présenté comme « le Fils unique de Dieu » (Jn III 16).
Dire ainsi que Jésus est le « Fils unique de Dieu » signifie qu'il a une relation qui lui est propre avec Dieu, inédite et que nous ne pouvons naturellement pas partager. C'est ainsi que dans tout l'évangile Jésus dit « mon Père » et nous invite à prier en s'adressant à « notre Père », ailleurs il est plus explicite : « mon Père et votre Père » (Jn XX 17).
Nous sommes donc aussi « fils de Dieu », mais est-ce comme les membres du Peuple élu, au même titre que les anges ou que les rois d'Israël ? Non, car Jésus tout en étant le Fils unique nous fait entrer dans sa propre relation avec son Père. Sans qu'il puisse y avoir de confusion (« mon Père et votre Père »), le baptême qui nous a identifiés à lui, son corps et son sang qui nous sont donnés en nourriture, l'union de toute notre vie à celle du Christ jusqu'à la mort et la résurrection, nous incorporent au Fils unique, et c'est toujours « en lui » que nous sommes aimés de l'amour unique du Père pour son Fils unique et bien-aimé, d'un amour qui va bien au-delà de la prédilection de Dieu pour chacune de ses créatures.