« Et s'est fait homme. »
Chacun des articles du Credo constitue un élément indispensable à la cohésion de l'ensemble et cependant celui-ci est si particulier qu'il s'accompagne d'un geste que tout fidèle est invité à faire dans sa récitation publique : chacun s'incline au moment du « Verbum caro factum est » : Le Verbe s'est fait chair. Ceux qui ont un peu de culture musicale classique auront noté comment dans les grandes pièces du répertoire, la musique semble alors en suspens, ralentit de façon significative et semble elle aussi comme s'incliner jusqu'à terre pour saluer ce qui constitue la spécificité de la foi chrétienne : le Dieu auquel nous croyons n'est pas un Dieu lointain, n'est pas resté dans les cieux, mais est un Dieu qui a voulu partager notre humanité.
Cette « Incarnation » n'a rien à voir avec la visite pittoresque des divinités de la mythologie antique qui s'amusaient à batifoler avec les hommes : Dieu prend au sérieux la condition humaine et l'épouse jusque dans sa souffrance et dans sa mort, dans l'épaisseur authentique de l'existence, de telle sorte qu'il n'y ait aucune souffrance qui ne se reconnaisse dans la figure de l'Homme-Dieu dépouillé et souffrant.
Le catéchisme de l'Eglise catholique nous dit ceci : « la foi en l'Incarnation du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne : « A ceci reconnaissez l'Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu » (1 Jn IV 2). Telle est la joyeuse conviction de l'Eglise dès son commencement, lorsqu'elle chante « le grand mystère de la piété » : « Il a été manifesté dans la chair » (1 Tim III 16) ».
Il continue : « L'événement unique et tout à fait singulier de l'Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni le résultat du mélange confus entre le divin et l'humain. Il s'est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l'Eglise a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. »
Jésus ne fut pas un homme adopté par Dieu, il n'est pas une créature, mais il est consubstantiel au Père, éternel et égal à lui. Lorsqu'on proclame Marie comme « Mère de Dieu », ce n'est pas pour dire que Jésus tient d'elle sa nature divine, mais bien ce corps doté d'une âme rationnelle qui s'est uni au Verbe éternel.