« Et par lui tout a été fait. »
Ces quelques mots précisent la participation du Verbe de Dieu à l'œuvre créatrice des origines, qui est l'œuvre de la Trinité tout entière, afin que la création évoquée au début du Credo n'apparaisse pas comme l'œuvre du Père seul.
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. Tout a été fait par lui et sans lui rien n'a été fait » dit saint Jean au début de son évangile. Ainsi le Nouveau Testament révèle que Dieu a tout créé par le Verbe éternel, son Fils bien-aimé. C'est en lui « qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre : tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui », poursuit saint Paul dans sa lettre aux Colossiens. La foi de l'Eglise affirme de même l'action créatrice de l'Esprit Saint, « donateur de vie », « Esprit créateur », « source de tout bien ». Suggérée par l'Ancien Testament, notamment par les passages suivants : « Par sa parole, le Seigneur a fait les cieux et toute leur armée par le souffle de sa bouche » (Psaume 33), « Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux et Dieu dit : 'Que la lumière soit !' » (récit de la Création au début de la Genèse), l'action créatrice du Fils et de l'Esprit est une avec celle du Père et fut constamment affirmée par la foi de l'Eglise comme en témoigne saint Irénée, l'évêque de Lyon au IIème siècle : Dieu « a fait toutes choses par lui-même, c'est-à-dire par son Verbe et par sa Sagesse ». C'est le même qui, comparant Dieu à un potier, commentait : « Par les mains du Père, c'est-à-dire le Fils et l'Esprit, l'homme devient à l'image et à la ressemblance de Dieu ». Ainsi le Fils est la main extérieure, celui qui s'est rendu visible, et l'Esprit, la main invisible par laquelle l'Artisan forme l'homme de l'intérieur. Nous pouvons encore retenir de lui cette invitation pour parfaire notre chemin de carême : « Ce n'est pas toi qui fais Dieu, mais Dieu qui te fait. Si tu es l'ouvrage de Dieu, attends tout de sa main : livre-toi à Celui qui peut te modeler et qui fait bien toutes choses en temps opportun ; quant à toi, ton rôle c'est de te laisser ouvrager. Présente-lui un cœur souple et docile ; livre-toi à lui comme une argile malléable. Ayant en toi l'Eau qui vient de lui, reçois en toi la forme que le Maître Artisan veut te donner. Garde en toi cette humilité qui vient de la grâce, pour ne pas empêcher le Seigneur d'imprimer en toi la marque de son doigt. C'est en recevant son empreinte que tu deviendras parfait ; et seul le Seigneur pourra faire œuvre d'art avec cette pauvre argile que tu es. En effet, faire est le propre de la bonté de Dieu ; et le laisser faire, c'est le rôle qui convient à ta nature d'homme. »