« Engendré non pas créé, de même nature que le Père »

 

Cette expression étrange pour nous vise à expliciter le rapport entre le Père et le Fils au sein de la Trinité.
Que cela nous étonne, il n'y a là rien que de très normal : il s'agit de quelque chose qui est forcément unique et qui dépasse notre capacité habituelle de compréhension. Nous n'appréhendons en effet toutes choses – même les plus abstraites - qu'à partir des exemples que nous percevons par nos sens. Dieu dépasse ce cadre et notre connaissance intime de la Trinité ne provient que de ce qu'il nous en a révélé.
C'est donc à partir de l'enseignement de Jésus et de son attitude à l'égard de Celui qu'il nomme le « Père », que l'Eglise a ainsi formulé le lien qui les unit.
Nous avons déjà vu que parler de paternité et de filiation implique, à partir de nos propres références, une antériorité du père : il y eut un temps où le père seul existait et un jour il donne naissance à son fils. Il n'en va pas ainsi pour Dieu où Père et Fils sont éternels et n'ont donc, ni l'un ni l'autre de commencement et de fin. Qu'est-ce alors que cette paternité ?
Elle est un « engendrement » permanent du Père à l'égard du Fils qui lui rend sans cesse amour pour amour. Le Fils n'est donc pas créé de rien, ni par la volonté de son Père, ni en raison de quelque nécessité, il était avant toute chose et participe à l'éternité du Père.
Ainsi le formule le concile de Florence (1439) : l'Eglise « professe un seul vrai Dieu, tout-puissant, immuable et éternel ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ces trois personnes sont un seul Dieu, non trois dieux, parce que des trois une est la substance, une l'essence, une la nature, une la divinité, une l'infinité, une l'éternité. Aucun ne précède l'autre par son éternité ou ne l'excède en grandeur ou ne le surpasse en pouvoir. Car c'est éternellement et sans commencement que le Fils naît du Père. Tout ce que le Père est ou a, il l'a non pas d'un autre, mais de soi, et il est principe sans principe. Tout ce que le Fils est ou a, il l'a du Père, et il est principe issu d'un principe. »
Tout cela vous donne le vertige ? C'est normal : il est question de Dieu ! Nous verrons cependant combien il serait dangereux de mépriser ces questions qui ont leur conséquence pour la vie chrétienne, alors que nous faisons bien d'autres efforts pour des réalités dont les enjeux sont bien plus limités ...