« Il reviendra dans la gloire »

 

Au moment le plus solennel de chaque messe, c'est-à-dire après la consécration, le Seigneur s'étant rendu physiquement présent à la communauté chrétienne, celle-ci est appelée à « faire mémoire », c'est le sens du mot « anamnèse ».
Ce chant de l'anamnèse rappelle en effet le souvenir de l'incarnation, de la mort et de la résurrection du Verbe divin, mais elle s'ouvre toujours sur l'attente de son retour glorieux. Oui, le Christ est venu, oui il est là, oui il reviendra !
Qui l'attend encore ?
Les chrétiens pratiquants eux-mêmes sont parfois étonnés quand on leur dit qu'il leur faut attendre le retour glorieux de celui qui est venu dans l'humilité. Attendre ? Mais, ce sont les Juifs qui attendent encore le Messie, certains musulmans, qui attendent encore le Medhi !
Nous aussi, chrétiens, nous attendons la manifestation définitive du Seigneur : celui que nous connaissons parce que nous l'avons déjà reconnu présent dans notre pauvre humanité souffrante. Avec sa délicatesse, il est venu dans la discrétion mais la puissance de son amour nous l'a fait discerner au milieu des hommes et, depuis, dans la foi, nous vivons avec lui, partageant sa modestie et ses humiliations, sûrs pourtant de son triomphe.
Cette victoire-là n'aura rien à voir avec le cortège orgueilleux des généraux vainqueurs faisant suivre leur char des victimes enchaînées : «On vous dira : 'Le voilà, il est ici ! il est là !' N'y allez pas, n'y courez pas. En effet, comme l'éclair qui jaillit illumine l'horizon d'un bout à l'autre, ainsi le Fils de l'homme, quand son Jour sera là » (Lc XVII 23-24). Le Christ a insisté lui-même pour que nous ne nous perdions pas en conjectures et en représentations illusoires à propos de ce « Jour », il a également insisté pour nous dire que ce Royaume a venir était déjà présent au milieu de nous. Mais ce que nous attendons, ce que les anges ont annoncé après l'Ascension, c'est la manifestation à toute la Création du mystère qui ne nous est accessible aujourd'hui que par la foi.
Ce jour verra l'instauration de toute justice et l'assouvissement de toutes nos aspirations légitimes constamment déçues par le monde présent.
Ce qui étonne encore d'avantage les chrétiens c'est d'apprendre qu'ils sont invités à hâter la venue du Seigneur par leur prière, leur intimité avec le Christ et la force de leur espérance. Le dernier mot auquel conduit toute la Bible : « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap XXII 20) fait de nous, non les conservateurs de la mémoire mais le peuple de l'espérance.