« Il ressuscita le troisième jour. »

 

« Si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est votre foi et vous êtes les plus malheureux de tous les hommes : votre foi ne mène à rien ! », s'écrie saint Paul (1Co XV). La résurrection est le cœur de la foi chrétienne, sa proclamation constitue ce qu'on appelle le « Kérygme », ce noyau dur de la première prédication apostolique : « le Christ était mort et il est vivant ! »
Sans la résurrection, tout s'effondre : l'homme reste enfermé dans sa finitude, il peut se donner des règles, il peut se fixer un idéal pour rendre plus harmonieuse la coexistence avec ses frères et supportable le non-sens de sa vie, tout est de l'ordre de la convention entre les hommes, il n'y a plus d'absolu. Dieu lui-même, s'il existe encore, perd tout intérêt.
Si le fait même de la Résurrection n'a pas été attesté par exploit d'huissier - comme pour solliciter notre foi - il a laissé assez de traces pour fonder notre certitude. D'abord dans le cœur des premiers croyants, déroutés par un événement à la fois inouï et inattendu et en même temps longuement annoncé et secrètement mûri par la foi d'Israël ; dans l'attitude du milieu extérieur qui n'a pu fournir ni preuves ni éléments pour réfuter le message chrétien ; dans les récits des toutes premières apparitions du Ressuscité, qui témoignent d'une antiquité et d'une authenticité reconnues ; dans les prolongements étonnamment féconds de la Résurrection sans laquelle on a peine à expliquer le développement unique du christianisme. Mais, pour chacun de nous, c'est dans une expérience intérieure et personnelle rendue forte par la fidélité et la prière, dans un compagnonnage amoureux avec le Christ vivant que s'est forgée la conviction bien plus forte qu'une démonstration mathématique, que le Seigneur est vraiment ressuscité.
Cette résurrection n'est pas assimilable à celles que le Christ avait lui-même opérées (Lazare, la fille de Jaïre, le jeune homme de Naïm) : elle n'est pas un retour à la vie terrestre. Jésus est entré dans un nouveau mode d'être et, en même temps, cette résurrection est attestée comme très physique : le cadavre du tombeau n'est plus là, Thomas touche les plaies du Ressuscité qui partage un repas avec les siens : expression de l'importance et de la dignité du corps, de la continuité entre celui qui appartient à ce monde et celui du monde à venir et qui, en même temps, est l'objet d'une transformation que nos mots ne peuvent exprimer.